TITA REUT
JOËLLE THABARAUD
Du 5 décembre au 14 décembre 2024
Au 29 rue de Seine
vernissage le 5 décembre à partir de 18h
La Galerie Berthet - Aittouares et Les Editions de La Regondie
ont le plaisir de vous inviter à la présentation du livre d’artiste « Divination »,
poèmes de Tita Reut accompagnés de quatre œuvres originales
de Joëlle Thabaraud, plus une œuvre originale dans le coffret de l’ouvrage.
Lecture des poèmes le jeudi 5 décembre à 19h par l’auteur.
C’est en tant qu’éditrice que je rencontre l’œuvre de Joëlle Thabaraud, qui accomplit
son travail en complicité avec André, son mari, lui aussi voué à la publication de livres
d’artiste. Joëlle Thabaraud amplifie son activité de brodeuse d’art par la collecte d’objets et de résidus (nids, ossements, boutons, passementerie…). C’est une glaneuse qui redonne vie et pérennité aux débris destinés à leur destruction, à la disparition. Son regard les identifie, sa main les conserve, ses doigts les magnifient. Ce qu’elle donne à voir dans ses boîtes accorde un caractère sacré à sa collecte par extirpation de la mort et par une expertise de brodeuse et de tapisserie d’art, héritée d’un de ses maîtres : Grau-Garriga.
Elle effectue ainsi un défrichage qui n’appartient qu’à elle : un dépassement par l’énigme, une combinatoire des raffinements minuscules et aléatoires de la nature et les superbes minuties de l’ornementation humaine. Le travail d’usure des forces naturelles devient plus que matériau : sujet d’une transformation qui est le propre de la création.
C’est à ce titre que la lecture de ses compositions mystérieuses touche et fait vibrer en
moi les mots, les assemblages d’images, une relation. Redonner vie à la perte par les
analogies du verbe m’a toujours semblé une approche du poème indispensable à cette survie que recherche toute création. En outre, le travail poétique de Joëlle touche au cœur la méthode du poème : par la confrontation de niveaux de langage, qui donne lieu à la beauté explosive telle qu’elle fut décrite et recherchée, dès l’origine, par les premiers surréalistes.
On pense à un autre « compositeur » de boîtes : Joseph Cornell. Pourtant la différence
est grande. Cornell propose une histoire à développer suivant les imaginaires de chacun. Il met en œuvre une utopie (ironie : il vivait, à New York, dans le quartier d’Utopia…). En revanche, Joëlle Thabaraud présente un pointillisme de détails harmonisés par un style, par son propre imaginaire. Elle tend vers une sacralité laïque de l’ensemble. En cela, son œuvre est proche de la méthode et de la définition que je privilégie dans mes poèmes.
Joëlle et moi avons donc trouvé dans cette réciprocité active le moteur d’une double
écriture qui s’accomplit dans et à travers le livre. La rareté des assemblages correspond
exactement à celle du poème dont mots et expressions répondent à une exception :
l’exactitude dans la réhabilitation, le frottement du sens. La possibilité d’un ouvrage découle alors d’elle-même.
Tita Reut / A Paris, le 22 avril 2023