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Nil Yalter :

la contre visualité des images

Nil Yalter, La femme sans tête, 1974, © Nil Yalter/Galerie Berthet-Aittouarès

L'artiste plasticienne turque Nil Yalter, présentée à la Galerie Berthet-Aittouarès, impose une vision inédite de la femme marquée par les évènements de Mai 68 à Paris. Elle participe au groupe des artistes féministes et engage son travail pour revendiquer l'indépendance de la femme. En 1974, elle réalise sa première performance vidéo, La Femme sans tête ou la danse du ventre, dans laquelle elle se filme exécutant une danse orientale au cours de laquelle elle inscrit sur son ventre un texte de René Nelli extrait d'Erotique et civilisation. Elle s'essaie à l'écriture corporelle, laissant apparaître un texte qui condamne l'excision et célèbre la jouissance clitoridienne sous le rythme d'une musique orientale.

Nil Yalter, La femme sans tête, 1974, © Nil Yalter/Galerie Berthet-Aittouarès

L'ensemble des éléments idéologiques, biologiques, sociaux, esthétiques et politiques d'une époque participe de l'encodage d'une visualité dominante. Le regard formé à cette visualité n'est ni inné ni spontané. Les images de Nil Yalter sont construites de manière à contourner et renverser ce stéréotype et cette invisibilisation. Cette reconfiguration des images correspond à ce que le théoricien de la culture visuelle Nicholas Mirzoeff qualifie de contre visualité. Ainsi, ce qui a été socialement et politiquement scellé en visualité de la domination, doit être déplié puis redéployé dans un nouveau champ de signification visuelle résistant et émancipateur. 

Les œuvres contestataires de Nil Yalter exposées à la galerie Berthet-Aittouarès relèvent d'un travail qui remédie à la domination des femmes et à la relégation des immigré.e.s. 

Les mots d'Edouard Glissant disent le rapport idéal à ces œuvres : " Nous n'enjambons pas seulement la distance d'une langue à une autre, nous entrons dans le mystère d'une multi-relation où toutes les langues du monde, visibles ou secrètes, trament pour nous des chemins démultipliés qui sont en réalité les échos de la multiplicité". S.A. Galerie Berthet-Aittouarès Galerie Berthet-Aittouarès 

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