Poète, photographe et artiste plasticien surréaliste, Jindřich Heisler (1914-1953) est une figure majeure de l'avant-garde tchécoslovaque et du mouvement surréaliste international. Né à Chrast en 1914, Heisler s'affirme comme poète dès les années 1930. En 1938, il rejoint le groupe surréaliste tchécoslovaque, côtoyant des figures comme Jindřich Štyrský et Toyen. Son premier recueil, « Seules les crécerelles pissent tranquillement sur les Dix Commandements » (1939), témoigne déjà de son style unique, mêlant poésie et onirisme.

La Seconde Guerre mondiale marque un tournant dans la vie de Heisler. Juif, il est contraint de se cacher pendant l'occupation nazie, période durant laquelle il crée ses « photographiques », des images énigmatiques empreintes de surréalisme. En 1947, il fuit la Tchécoslovaquie communiste pour s'installer à Paris avec Toyen. A Paris, Heisler s'intègre au groupe surréaliste d'André Breton. Il participe à l'exposition « Le Surréalisme en 1947 » et contribue à la revue « Néon ». Toutefois,  confronté à la barrière de la langue, il abandonne progressivement la poésie écrite pour explorer de nouvelles formes d'expression. Ses « livres-objets » (1950-51), associant mots et objets, illustrent cette quête de nouveaux langages. Son « Alphabet » (1952), composé de lettres formées par des figures humaines, est une autre œuvre majeure de cette période. Son œuvre, empreinte d'influence surréaliste et de poésie, reste une source d'inspiration pour les générations d'artistes qui lui ont succédé.

Jindřich Heisler meurt à Paris en 1953, laissant derrière lui une œuvre riche et complexe. Son apport au surréalisme est aujourd'hui reconnu, et ses travaux font l'objet d'un actuel regain d'intérêt.