26 Mai 2024
Art contemporain
Andrea Tricarico
Sculptures, Daniel Pontoreau raconte son histoire à la Galerie Berthet-Aittouarès
Atelier de Daniel Pontoreau, © Odile Aittouarès, courtesy Galerie Berthet-Aittouarès
Les portes de la Galerie Berthet-Aittouarès, rue de Seine à Paris, s'ouvrent sur les sculptures évocatrices de Daniel Pontoreau. Sculptures est la grande rétrospective organisée par Michèle et Odile Aittouarès, réunissant les céramiques du maître français, transformant leur galerie parisienne en un théâtre minéral. Daniel Pontoreau, né à Paris en 1947, rencontre en 1968 la collectionneuse Monique Fausto qui l'encourage à poursuivre ses recherches artistiques ; après quelques années, ses œuvres sont exposées dans de grandes institutions parisiennes, dont le Salon de Mai, le Salon des Réalités Nouvelles et la Jeune Sculpture. Nous sommes en 1971. Un an plus tard, il remporte le prix spécial de la Biennale de céramique de Vallauris. Au début des années 1980, il accompagne la chorégraphe Kilina Cremona à New York et à Montréal et, au début des années 2000, il commence à exposer dans de prestigieuses galeries japonaises à Kyoto, Nishinomya. Après cette séquence de noms et de dates nécessaire pour décrire au mieux la renommée internationale de notre interlocuteur, nous laissons aux mots de l'artiste le soin de nous parler de Sculptures, inaugurée par la Galerie Berthet-Aittouarès le 24 mai et exposée jusqu'au 29 juin 2024.
Trois questions à l'artiste Daniel Pontoreau :
Au cours de votre carrière artistique de plus de 30 ans, on peut dire que vous avez été inspiré par, ou plus généralement lié aux grands artistes de l'Arte Povera et de la sculpture britannique. Quels sont ceux que vous pouvez définir comme vos maîtres ? Et pourquoi ?
« Mon intérêt pour la sculpture britannique réside dans la variété des médiums. La tradition sculpturale britannique n'utilise pas beaucoup la terre cuite alors que les artistes de l'Arte Povera la préfèrent, à la fois parce que ce n'est pas un matériau si rare et si noble, et donc en accord avec la philosophie du mouvement, et parce qu'elle est historiquement enracinée dans la tradition artistique italienne. Je crois que les artistes ont des axes de recherche différents selon leur pays d'origine. La recherche artistique va dans de nombreuses directions. Je n'ai pas été inspiré par un artiste en particulier ; c'est plutôt le mouvement global de cette période historique qui m'a inspiré. Nous appartenions à la même génération d'artistes qui incarnaient une rupture dans la tradition sculpturale ».
Griffures, 2020. Terre réfractaire – 35 x 24 cm chacune. © Daniel Pontoreau, Courtesy Galerie Berthet-Aittouarès
Comment les œuvres de l'exposition sont-elles nées ? Ont-elles été conçues pour être exposées par la Galerie Berthet-Aittouarès ?
« Les œuvres que je présente dans cette exposition n'ont pas été créées spécifiquement pour elle. Odile, Michèle (respectivement directrice et fondatrice de la galerie) et moi-même les avons choisies spécifiquement pour cet espace. J'ai trouvé un point d'articulation qui provoque une vision globale de l'exposition. La façon dont j'organise mes œuvres entraîne un mouvement du spectateur qui ne reste pas fixé sur une œuvre. Mes œuvres ne sont pas coupées les unes des autres et le spectateur va et vient entre elles, tandis qu'elles, immobiles, se confondent avec l'espace qui les entoure. Ma spécialité est de provoquer un changement dans le parcours d'un lieu réel ».
On pourrait qualifier votre processus de création de merveilleusement intime. Quelle est l'importance de la première approche de la matière première dans la réalisation de l'œuvre finale ?
« La matière première est très importante dans certaines de mes œuvres finales. Elles sont composées d'éléments naturels. Sur certaines sculptures, j'ajoute des morceaux d'argile que j'ai extraits de la carrière et je les fais cuire, mais je ne les touche pas. La matière est brute. J'ajoute de la sensibilité à la matière en travaillant et en transformant d'autres aspects de l'œuvre de manière spontanée. C'est une subtilité, le traitement des œuvres. Comme vous le voyez, mes œuvres d'art sont la mise en scène d'un théâtre minéral. C'est la scène d'un théâtre composé d'éléments minéraux. La composante humaine est très présente dans la façon dont je crée mes œuvres. Le travail de l'argile est direct, avec un impact physique très fort, auquel j'ajoute ensuite des éléments subtils et délicats ».
Paysage horizon, 2017. Terre réfractaire et porcelaine – 25 x 40 x 20 cm © Illès Sarkantyu, Courtesy Galerie Berthet-Aittouarès
Pierre en suspens, 2020. Terre cuite et feldspath – 115 x 85 x 35 cm
© Daniel Pontoreau, Courtesy Galerie Berthet-Aittouarès