BERTHET-AITTOUARES

Daniel Pontoreau est un artiste qui n'utilise comme matériau que de la céramique, sans être pour autant céramiste ou potier. Un sculpteur qui fabrique des formes à la fois épurées et composites. Il les malaxe, les cuit au four à très forte température puis les dispose au sol ou au mur selon une ordonnance très réfléchie dans l'espace. Ses boules sont des artefacts composites fichés dans le sol ou criblant les parois comme des fragments de météorites tombées du ciel. Ou posées sur un plateau en carreaux de terre réfractaire. On retrouve la même ascèse dans la recherche d'un équilibre entre plein et vide. Ce travail entre le charnel et le spirituel plaît beaucoup au Japon, où il expose souvent. Pontoreau ajoute à cet aspect zen du déséquilibre, des couleurs chaudes, de la sensualité. Ses grès solidifiés en plaques comme des tableaux ou en pierres hétérogènes, parfois émaillées, présentent des trous, des griffures, des sillons et, malgré leur poids, semblent légers et vibrent. Dans une sorte de corps à corps, de nombreuses oeuvres sont le résultat d'un accouplement, d'une danse, d'une partie pleine qui vient se nicher dans une partie concave, comme une noisette dans sa coque. De la porcelaine blanche peut ainsi venir se lover dans une bogue plus grossière. Il fait aussi des jarres au long cou, des tours en brique, des termitières grumeleuses, car tout est paysage dans cette œuvre multiple.

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Elisabeth Vedrenne, Connaissance des arts, Mai 2023